Le PA 35
Lors de la mobilisation générale de la Première Guerre mondiale seuls les revolvers 73 et 92 étaient réglementaires en France. La pénurie d'armes de poing lors de ce conflit et les besoins de plus en plus impérieux de l'armée firent que l'on s'adressa à la production étrangère particulièrement espagnole ; c'est ainsi que les "Ruby-Star 92 espagnols" (copie Smith ou Coït) devinrent réglementaires jusque dans les manuels d'instruction.
Par Andre Firer
La guerre terminée comme nous n'avions aucune production nationale en pistolet automatique notre état-major entra dans la phase consultation et après bien des années d'hésitation quelques études commencèrent aux alentours des années 30.
Parallèlement des études balistiques s'orientèrent vers la recherche d'une munition nationale avec pour impératif au cahier des charges "munition devant également convenir pour pistolet mitrailleur et de puissance supérieure au 7,65 Browning".
On s'orienta sur ce calibre 7,65 qui était jugé suffisamment précis pour un usage de guerre mais manquait nettement de puissance d'arrêt pour cette même utilisation. D'autre part, le 7,65 Browning par son étui trop court était d'un emploi difficile vu les difficultés d'alimentation dans l'utilisation en pistolet mitrailleur.
Ces deux facteurs ont donné naissance à la cartouche de 7,65 longue. Certains auteurs rapportent qu'un américain du nom de Pedersen aurait déjà réalisé au début du siècle une munition de calibre .30 ressemblant curieusement à notre 7,65 long. Son étude tomba dans l'oubli.
Toujours est-il, le choix de la munition étant fait, que le reste n'est plus qu'une mise en œuvre de moyens d'étude et de fabrication sur un cahier des charges précis soit:
- Munition de 7,65 longue ;
- Se tenir aux environs de 700 g ;
- Système à simple action ;
- Chien extérieur à crête ;
- Synthèse des systèmes Coït et Petter;
- Platine de percussion monobloc et amovible, démontable instantanément;
- Ressort récupérateur serti à demeure sur sa tige guide ;
- Indicateur de chargement permettant par une rotation de 90° de dégager le percuteur et de désactiver l'arme ou de remplacer instantanément un percuteur cassé.
- Levier de sécurité qui n'agit que sur le percuteur;
- Sécurité de chargeur,
- Capacité : 8 cartouches ;
- Tir par culasse fermée et verrouillée et déverrouillage par court recul du canon ;
- Démontage sans outil.
Deux sociétés françaises entrèrent immédiatement en lice :
- La société alsacienne de construction mécanique, S.A.C.M., qui étudia et réalisa le pistolet qui fut immatriculé réglementairement modèle 1935 A ;
- La manufacture d'armes de Saint-Etienne qui étudia et réalisa le pistolet qui fut immatriculé réglementairement modèle 1935 S.
Le cahier des charges fut respecté et il en résultat la mise en fabrication de deux armes totalement différentes (pas une seule pièce n'est interchangeable même le chargeur) bien que de principe pratiquement identique.
Le modèle 1935 A sortit le premier et le modèle S fut une synthèse visant à réduire le coût de fabrication :
- Simplification du bloc de culasse ;
- Simplification de la carcasse particulièrement par abandon de la pente "anatomique" ;
- Simplification du canon ;
- Canon 35 A ; deux verrous s'encastrant dans le bloc de culasse deux biellettes assurent le pivotement vers le bas lors du recul ;
- Canon 35 S ; un renfort de la chambre fait office de verrou, ceci au droit de la fenêtre d'éjection du bloc de culasse ; une seule biellette assure l'abaissement du canon lors du recul ;
- Cran de mire ; 1935 A monté à queue d'aronde sur le bloc de culasse, 1935 S usiné directement sur bloc de culasse.