Grenades allemande antichars
Les Allemands ne disposaient pas d'autres grenades antichars à main que la Panzerwurfmine, qui entrait en réalité dans une catégorie particulière. Ils avaient plutôt l'habitude d'utiliser face aux chars un procédé qui consistait à retirer le manche d'une grenade du modèle Stielgranate et à fixer celle-ci avec un fil de fer autour d'une seconde Stielgranate conservant son manche. Cet assemblage, qu'ils appelaient Geballte Ladung, pouvait servir aussi bien à démolir un blockhaus qu'à paralyser un véhicule blindé.
Pour le combat antichar, les Allemands utilisaient surtout des grenades à fusil, tirées à l'aide du fusil de guerre Kar 98k muni d'un dispositif portant le nom de Schiessbecker, sorte de manchon fixé à l'extrémité du canon par un levier de serrage. Ce manchon comportait des rainures qui correspondaient à celles du corps des grenades, ce qui avait pour effet de donner au projectile un mouvement de rotation stabilisateur. Ce dispositif permettait de lancer plusieurs sortes de grenades antichars différant par leur volume et leur charge explosive, mais dont la portée maximale restait de 200 m environ. Ces grenades n'avaient plus qu'une efficacité très faible en 1940, mais les Allemands les conservèrent car ils n'avaient rien pour les remplacer et qu'elles pouvaient servir accessoirement d'armes antipersonnel. Pour améliorer la précision du tir, le fusil reçut un système de visée à bulle qui revenait relativement plus cher.
La complexité et le prix de ce système n'avaient rien d'excessif comparés à ceux de ce qui fut sans doute le plus inutile des gadgets livrés aux soldats servant sur le front. Il s'agissait du Kampfpistole de 27 mm, matériel conçu à partir d'un pistolet signaleur courant, destiné à lancer de petites grenades et dont la mise au point aboutit à la réalisation d'une arme à rayures dotée d'un niveau à bulle et d'une crosse repliable. Cet engin tirait des projectiles dont le type allait de la grenade explosive ordinaire à la grenade émettrice de sifflements pour donner l'alerte d'attaque au gaz. Il existait aussi une grenade à charge creuse, mais elle n'avait qu'une longueur de 51 mm et ne contenait qu'une charge minuscule de TNT. Sa portée ne dépassait pas 90 m et un coup au but lui-même ne provoquait que des dommages mineurs aux véhicules les plus légèrement blindés. Cette arme, appelée Sturmpistole à son dernier stade de développement, restera probablement dans l'Histoire comme l'unique pistolet antichar jamais mis en service.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, les grenades lancées par le fusil Schiessbecker comprenaient des Gewehr Panzergranate, des gross Gewehr Panzergranate et des gross Panzergranate 46 et 61. Entretemps, le Schiessbecker a été remplacé par un fusil de plus grande portée, le Panzerbüchse 39, modifié en fusil lance-grenades par l'adaptation d'un manchon à l'extrémité de son canon. Cette arme, qui avait reçu l'appellation de Granatbüchse 39, tirait les grenades à fusil allemandes de toutes catégories. Elle témoigne du caractère encore très rudimentaire des moyens de combat rapproché durant cette époque.