C'est en 1971 que les premiers des dix-huit IRBM SSBS-S-2, qui devaient constituer la cheville ouvrière de la force de frappe française, furent mis en place dans les silos du plateau d'Albion. Disposant d'un coefficient d'erreur probable de 900 m, ce missile à propergol solide constitué de deux étages guidés par inertie est réparti entre deux groupements dont le commandement s'effectue par le truchement de deux centres enterrés qui se trouvent en communication directe avec les responsables des forces aériennes stratégiques.
Présentant une longueur de 14,80 m et un diamètre de 1,50 m, le SSBS-S-2 possède une portée de 2 750 km, une ogive de 150 kt et affiche un poids maximal de 31 900 kg.
Mis en ceuvre à partir de 1973, un nouveau programme de développement s'orienta vers la réalisation d'un missile de nouvelle génération destiné à remplacer le S-2 et qui, mis au point par la société Aérospatiale, fit l'objet de cinq contrats couvrant les années 1974-1980. Utilisant le premier étage du S-2, cet engin, qui a reçu la dénomination de S-3, comporte un second étage doté d'une ogive nucléaire durcie et d'aides à la pénétration dont le rôle consiste à dérouter les missiles antimissiles des défenses adverses. Commencés en décembre 1976, les essais du S-3 s'achevèrent au cours de l'été de 1979, le déploiement du missile débutant en 1980. En 1982, ce vecteur avait totalement remplacé le S-2 dans les deux groupements d'IRBM français, les silos de lancement ayant été eux-mêmes rénovés en vue de permettre une réduction des coûts de maintenance et d'accroître la fiabilité de ce système d'arme. Le temps de réaction du S-3 est d'environ 200 secondes après l'ordre de mise à feu. En 1998, le plateau d'Albion a été démantelé.