Avro 683 Lancaster

Avro 683 Lancaster

Avro 683 Lancaster (Royaume Uni) 

Caractéristiques Avro Lancaster B.Mk I
Type : bombardier lourd (équipage de 7 hommes).
Moteurs : 4 V-12 Rolls-Royce Merlin XXIV de 1 640 ch.
Performances : vitesse maximale à 3 505 m, 462 km/h; vitesse de croisière à 6 096 m, 338 km/h ; plafond pratique, 7 470 m; distance franchissable avec 3 175 kg de bombes, 4 070 km.
Poids : à vide, 16 738 kg ; maximal au décollage, 31 751 kg.
Dimensions : envergure, 31,09 m; longueur, 21,18 m ; hauteur, 6,10 m; surface alaire, 120,49 m².
Armement : mitrailleuse de 7,7 mm (2 dans la tourelle de nez, 2 dans la tourelle dorsale et 4 dans la tourelle de queue) ; 1 bombe de 9 979 kg, ou jusqu'à 6 350 kg de bombes plus petites.

L'Avro Lancaster fut incontestable­ment le meilleur bombardier lourd britannique de la Seconde Guerre mondiale. Le prototype du Lancaster était en fait constitué d'une cellule du Manchester dotée d'une voilure agrandie et de quatre moteurs Rolls-Royce Merlin X de 1 145 ch. Ce prototype, qui à l'ori­gine conservait l'empennage à tri­ple dérive Lancaster, fut modifié par la suite pour recevoir les deux dérives et le gouvernail qui furent montés sur les versions de série.

Le prototype fit son premier vol le 9 janvier 1941, à Ringway, et dans le courant du même mois il fut envoyé au Centre expérimental de l'armement et de l'aéronautique, de Boscombe Down, pour y effectuer ses premiers essais intensifs en vol.
Le nouveau bombardier étant apparu d'emblée comme une grande réussite, d'importantes com­mandes furent passées. En ces années de guerre, le développe­ment était si rapide que le premier Lancaster de série prit l'air en octo­bre 1941.
Les Lancaster commencèrent très vite à remplacer les Manchester, et les cadences de production étaient telles que l'on craignit de se retrou­ver en pénurie de moteurs. Ce ris­que fut écarté grâce à la fabrication sous licence par Packard, aux Etats­Unis, de moteurs Merlin destinés non seulement aux Lancaster, mais aussi à d'autres types d'appareils. Par ailleurs, l'utilisation de moteurs en étoile Bristol Hercules VI ou Hercules XVI de 1 735 ch constitua une garantie supplémentaire.
Pendant ce temps, les Lancaster Merlin s'amélioraient sans cesse.

Les moteurs du prototype furent remplacés en série par des Mer­lin XX et XXII de 1 280 ch ou par des Merlin XXIV de 1 620 ch. On renonça, à regret, à doter l'appareil d'une tourelle Frazer-Nash à com­mande hydraulique avec huit mitrailleuses Browning de 7,7 mm (deux dans la tourelle de nez, deux dans la tourelle dorsale et quatre dans la tourelle de queue). La soute, conçue à l'origine pour emporter une charge de 1 814 kg de bombes, fut progressivement agrandie pour abriter des bombes de plus en plus grosses : jusqu'à 3 629 kg, 5 443 kg, et finalement l'énorme « Grand Slam » de Barnes Wallis (9 979 kg), la bombe la plus lourde jamais transportée par un avion pendant la Seconde Guerre mondiale.
L
'existence des Lancaster ne fut rendue publique que le 17 août 1942, date à laquelle douze appareils des Squadrons 44 et 97 effectuèrent un raid de jour, sans escorte, sur Augsbourg. Volant à basse altitude, les bombardiers causèrent des dégâts considérables à une usine fabriquant des moteurs Diesel pour les sous-marins allemands, ce au prix de la perte de sept appareils. La Victoria Cross fut décernée aux officiers qui avaient commandé l'opération, les Squadrons Leaders Nettleton et Sherwood, lequel la reçut à titre posthume. Cette atta­que confirma peut-être à l'état­major de l'Air britannique que les raids de jour menés par des bom­bardiers lourds, dépourvus d'es­corte, étaient irréalisables.

On pourrait dire que le dévelop­pement du Lancaster alla de pair avec celui des bombes. Les pre­miers Lancaster transportaient leur charge dans des soutes normales, mais avec l'augmentation du volume des projectiles il fallut, pour pou­voir fermer les portes, augmenter la profondeur des soutes, si bien que celles-ci faisaient légèrement saillie sous le fuselage. Finalement, après de nouveaux développements, les trappes furent carrément suppri­mées lorsque l'avion emportait cer­tains types de bombes particuliers.

Le cuirassé allemand Tirpitz fut plusieurs fois attaqué par des Lan­caster, et le 12 novembre 1944 ce sont les forces combinées des Squa­drons 9 et 617 qui, après avoir repéré le navire dans le fjord de Troms¢ (Norvège), le coulèrent avec des bombes « Tallboy » de 5 443 kg, également conçues par Barnes Wallis. Le « fin du fin » en matière de bombes conventionnelles à haute puissance explosive fut la bombe « Grand Slam »(9 979 kg), mise au point pour détruire le béton en explosant sous la surface du sol. ce qui créait un effet de tremble­ment de terre. Le Squadron 617 l'utilisa pour la première fois en opérations le 14 mars 1945 contre le viaduc de Bielefeld, dont les travées furent gravement endommagées.

Bien que d'autres versions aient été construites au fil des années, le Lancaster B.Mk I fut fabriqué pen­dant toute la durée de la guerre (le dernier sortit des usines Armstrong Whitworth le 2 février 1946).
Les statistiques montrent qu'au moins 59 Squadrons du Bomber Command utilisèrent des Lancaster, qui effectuèrent plus de 156 000 sorties et larguèrent 618 350 t de bombes explosives et plus de 51 mil­lions de bombes incendiaires.